Samedi 26 juin, le plein été. L’heure de rendez-vous a été fixée à 11 heures… Vous entendez bien…11 heures ! Et déjà les parasols sont de sortie et tous…au garde à vous…alignés sur les terrasses de l’amitié. Il n’y a pas que le Regent bien frais qui perle dans la fraîcheur de la source… La sueur aussi coule sur les fronts même sans rien faire… Il fait tout simplement chaud…chaud sous les chapeaux, chaud dans les maillots et comme chantait Jane B. en 1978, les 3 « S »sont de sorties : Sea and Sun ! Le rythme est ralenti mais le travail se fait ! Au rythme de sénateur dirait l’informateur du moment …à la recherche d’une coalition qui tienne le haut du gosier… Tout le monde met la main à la pâte. Et depuis que le chef de culture a décrété qu’il ne fallait plus travailler le sol à cette époque, les bénévoles se poussent au rythme du palissage, rognage et écimage. Sea…and Sun…Le soleil au zénith…Vingt ans à la limite. Mais que le vignoble excite…notre curiosité…Je ressuscite. Ah la fleur de vigne…déjà présente au jardin d’Eden…c’est sûr…La corolle, en forme de capuchon, se détache de sa base et se trouve repoussée vers le haut par les étamines. A la chute de la corolle, l'ovaire reste nu, tandis que les 5 étamines se disposent en rayon autour de lui. Les étamines et le pistil sont visibles. C’est la pleine floraison. Mais déjà la semaine prochaine, les capuchons vont tomber et arrivera alors la nouaison. Suite à la fécondation, les ovules vont évoluer en graines (ou pépins) tandis que le reste de l'ovaire va donner le fruit (baies). Ces derniers commencent à grossir. Sur une inflorescence, les fleurs fécondées vont évoluer en fruit, on dit qu'elles nouent. Les autres, non fécondées, tombent, c’est ce qu’on appelle la coulure. Les étamines flétrissent, mais restent souvent encore fixées à leur point d'attache. Mais comme il fait sec…c’est tout bon ça pour éviter le millerandage et la coulure !
Le travail…qui a dit travail…C’est la santé…Ne rien faire, c’est la conserver ! Dès midi, la paresse inonde de volupté les 20 ares du vignoble. Qui a dit qu’en « juin trop de pluie, et le jardinier s'ennuie. » Trop de soleil…aussi… ! Le travail ralenti, un flegme somme toute très britannique envahit la plaine…il fait bon ne rien faire par ces températures de canicules. Le barbecue annuel peut commencer…les braises fument, les raviers individuels de salades, les bols de pâtes s’ouvrent au soleil comme les fleurs après l’orage et se partagent entre ami dès l’ouverture. Rien ne se crée, rien ne se perd, tout s’échange. Les bouchons sautent, les saucisses grillent. La fumée envahit le vignoble. Quel déjeuner, mes amis… Edouard Manet a bien peint ce fameux déjeuner sur l’herbe que nous avons tenté de reproduire sans scandale 147 ans plus tard. En effet, la juxtaposition d'une femme fort dévêtue et de deux hommes tout habillés avait suscité la controverse lorsque l'œuvre a été exposée pour la première fois en 1863. Point de controverse à Villers-la-Vigne, une belle unanimité autour des flacons partagés.
Qui en juin se porte bien au temps chaud ne craindra rien !
Et surtout, pas de planète foot aujourd’hui à l’ombre de ces murs millénaires. Les seuls ballons sont ceux que l’on porte aux lèvres et les cartons rouges et jaunes emplis de bouteilles à l’ombre sous les tables sont assortis aux couleurs des vins que l’on boit. Quand on parle de finale, elle est plutôt en bouche une fois le vin tasteviné.
Le Tour de France est aussi entré dans Villers, en passant par la Loire, Bordeaux, le Languedoc et la Côte du Rhône. Pas une seule chute. Le peloton a résisté jusque 19 heures, pour une troisième mi-temps. Mais footez nous donc la paix ! Et trinquons, amis, trinquons !