Pendant que notre président Jean-Paul est en voyage à Ushuaia en Patagonie, il me revient une agréable tâche, celle du vice-président, de vous accueillir en cette 15ième Saint Vincent fêtée à Villers-la-Vigne.
Mais avant ça, souvenons-nous. Souvenons-nous un instant de ceux que nous avons tant aimés au vignoble et qui lui ont tant donné.
Tout d’abord Jean Pyls, le Bordelais silencieux, la force tranquille, le geste souriant et sûr, puis Henri Gilles, fondateur du vignoble et l’homme de l’escalier et des terrasses, puis enfin récemment Michel Mascart, dit M carré, notre Mac Gyver pendant 15 ans, le technicien du chai, l’homme au temps illimité pour donner un coup de main au vignoble ou ailleurs. Merci Yvonne d’être parmi nous ce soir. Nous boirons tout à l’heure à table notre verre en pensant à eux et à l’instant, offrons leur un moment de silence en nous remémorant les bons et longs moments d’amitié passés ensemble.
SILENCE
Je ne voudrais pas oublier non plus nos ami Luigi et Jacques tous deux en revalidation à l’hôpital du Bois de la Pierre et qui souffrent dans leur chair. Ayons aussi ce soir une pensée pour eux. SALUTE LUIGI, et SANTÉ oh GRAND JACQUES !
Je commencerai cette Saint Vincent par une ode à notre vénéré grand Saint :
Ô St. Vincent, qui sur la terre, Le plus vénéré des patrons, A te fêter joyeux compères, S’apprêtent tous nos vignerons, Reçois aujourd’hui les louanges, L’écho de plus d’un cœur fervent. Bon St. Vincent, homme puissant. Le vin pousse à la chansonnette, Fais monter la sève au sarment.
Depuis le printemps dernier, je ne sais pas si vous avez remarqué mais notre vignoble se lève plus tôt que d’habitude et nous avons vu depuis lors pointer un soleil plus radieux inonder nos ceps. Le réchauffement climatique ? Détrompez-vous, il s’agit là des conséquences de l’intervention de Messieurs Panier (père et fils), garde-chasse du domaine qui jouxte notre clos de plaisir. Merci Monsieur Panier d’être présent ce soir parmi nous. Merci aussi à la famille Boël nos voisins. Nous leur renouvelons notre invitation de venir goûter notre nectar pour prouver que nous n’avons pas à rougir face au crûs bordelais qu’ils connaissent bien.
Merci à l’équipe de Torgny fidèle au rendez-vous du grand Saint qui n’hésite pas à braver les 170 km de mauvaises routes pour nos bobines rigolotes et nos nez rouges de froid ou de bons vins. Merci aussi à Patrick Fautré et Michel Dubuisson, directeur et directeur adjoint de l’abbaye qui viennent nous saluer ce soir. Les directeurs se suivent et se ressemblent par l’intérêt qu’ils portent à notre vignoble, magnifique vitrine vineuse bio diverse de l’abbaye…
Au nom du Conseil d’Administration du vignoble, nous formulons nos vœux de nouvelle année alors qu’interviennent ces odieux attentats en France ou ces tentatives déjouées en Belgique. Comment en effet souhaiter la joie et le bonheur alors même que la barbarie frappe à notre porte ! La semaine suivante l’Espoir renaissait avec cette mobilisation citoyenne à travers le monde, avec l’espoir bien ancré que rien ne serait plus comme avant, que les hommes vivraient à nouveau en frères dans le respect et la confiance mutuelle, comme au sortir du serment du jeu de paume en 1789.
Hélas, les semaines se suivent amenant leurs lots de désillusion, car après la sortie fracassante du nouveau journal, des manifestations d’hostilité voient le jour dans de nombreux pays où les libertés ne sont pas semblables aux nôtres, causant des centaines de morts, aux noms d’idéaux religieux, politiques ou sociétaux. Les hommes ne pourront donc jamais vivre en apprenant à s’écouter, ce qui est le premier pas vers la compréhension de l’autre !
Que ne prend on exemple sur le monde du vin, ces atmosphères qui me plaisent tant car autour d’un verre de vin les dissensions de toutes sortes s’estompent comme par miracle. Existe-t-il un œnophile n’ayant dans sa cave qu’un seul type de vin, qu’une seule appellation ? Existe-t-il un œnophile buvant seul son nectar préféré ? La réponse est non, bien évidemment, car tout bon amateur de vin sait s’ouvrir au monde et apprécier l’autre, c'est-à-dire le cru provenant d’une région qui n’est pas la sienne, sans craindre l’étrange ni l’étranger.
Il sera au contraire avide de rechercher dans d’autres horizons des sensations qui le feront rêver et s’ouvrir encore davantage à autant de sensations nouvelles que de plaisirs inconnus.
Il aura plaisir à discuter avec le producteur de ce produit méconnu, pour échanger avec lui des méthodes de culture et d’élevage qui créent la différence recherchée et estimée. Puis, fort de ces découvertes, rentré chez lui, il ouvrira avec ses amis ou sa famille le fruit de ses découvertes avec fierté, et une communion entre convives se créera naturellement, avec en point de mire cet "autre" dont on découvre et apprécie les différences et les richesses.
Amis, mettez, et faites mettre en pratique ces principes d’ouvertures d’esprit qui sont les nôtres et dont nous pouvons être si fiers. (*)
Bonne fête !
Christophe
(*) En italique : Largement inspiré des vœux 2015 de Monsieur Géry Delbecque, Président de la Compagnie de la Côte du Rhône gardoise