Séminaire d’approfondissement à une viticulture agro-écologique – Villers – 11 et 12 février 2012
« La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses. » Platon
Moins 12 degrés ce matin en arrivant…Et voilà que Villers se donne des airs de Centre de Formation continue…quel bonheur de voir que la passion est une maladie contagieuse comme la grippe hivernale…
Le Clos de Villers-la-Vigne et le Poirier du Loup de Torgny ont organisé ces 11 et 12 février 2012 deux jours de formation pour découvrir, ou approfondir les connaissances en viticulture agro écologique en invitant les Consœurs et Confrères de Villers la Vigne et Torgny mais aussi les vignerons brabançons, filleuls et amis jumelés qui s’inscrivent dans une démarche associative en Wallonie et qui sont intéressés par les méthodes de viticulture orientées vers le caractère bio et respectueux de la nature.
Incroyable…50 vigneronnes et vignerons se sont bousculés sur les chaises de la belle salle prêtée par l’abbaye à l’étage du moulin et devant les tables de la brasserie et de restaurant lors des 4 repas en commun. Les vignobles de Genval, Lasne, Sart Dames Avelines, Poirier du Loup et les Fauchères de Torgny ont partagé notre bonheur communicatif.
Durant deux jours, des sujets techniques bien sérieux dans une dynamique d'échanges ouverts nous ont permis de porter un autre regard sur nos vignobles en comprenant les effets du climat, des sols, du matériel végétal, et … de l’influence des hommes et des femmes sur les grappes et vins issus de notre passion !
Tout au long de ces trois demi-journées, au creux de la majestueuse abbaye de Villers, notre ami et consultant sancerrois Jean-Marie Balland nous a présenté -non sans humour – le respect de la vigne de son environnement avec un talent à la hauteur de la somme de tous les nôtres.
Jean-Marie parle comme il boit…et la langue qu’il utilise est la même que celle avec laquelle il déguste. Son langage est tout à son image…très peu châtré…Tout ce qu’il sait se base sur le temps où il frottait sa couenne de petit-fils à celle de son grand-père. Il est né et resté sans serres.et a touché à tout.
Des mots comme sortis de l’univers de Salvator Dali lorsqu’il arrive à la gare de Perpignan, il retrouve l’occasion d’une véritable éjaculation mentale qui atteint alors sa plus grande et sublime hauteur spéculative.
Des mots comme sortis de l’univers du jongleur, saltimbanque des mots, Bruno Coppens, où les mots sont à prendre en main pour être pétris, contrepétris, et les sons …de vraies pâtes à moduler. La pâte des mots, il la contre-pétrit et il nous fait saliver lui qui de charme habille son charabia. Et comme un bâillon d’oxygène et un boulet de sauvetage, il nous fait défiler son expérience.
Ses mots vrais se positionnent alors entre deux phrases techniques de haut vol comme l’influence néfaste sur le tassement des sols des tractosaures, ces monstres de 7 tonnes qui écrasent tout sur leur passage.
Il nous apprend à nous méfier des ces gourous de secours qui nous parlent de terroir-caisses, et de ces fameux cépages et raisins issus de la globalisation au parfum d’oseille…ou des 4 cépages du Champagne, Pinot Meunier, Pinot Noir, Chardonnay et Betterave.
Il le dit lui-même …il est comme l’enfer, pavés de bonnes intentions. Toutes les notes qu’ils nous donnent avec un plaisir décuplé, puisqu’il est partagé, sont comme les mini-jupes des filles…cela vous donne une idée mais ça cache l’essentiel.
Puissions-nous les lire à tête reposée comme Louis XVI après sa mort.
Il insiste sur la recherche de la qualité qui ne se mesure pas en hl. Chasselas naturel recule le goulot et dans les campings du cap d’Agde, Chasselas naturiste revient au bungalow.
Son profil a payé un lourd tribut à la TVA, la Taxe sur les Ventres Arrondis, après avoir enfilés tant de vins du Midi moins le quart.
Bien d’aplomb sur ses pattes de derrière, Jean-Marie a surement tété deux mères quand il était petit. Et il regrette de ne pas être né à Cuba pour avoir la voix haute…
Il aime tellement bien descendre de vélo pour se regarder pédaler et nous parle de ses vignerons paysans qu’il adore et qu’il côtoie, vous savez, les vrais paysans, ceux qui ont les bottes aux pieds.et qui ne sont pas des chevaliers du dos courbé!
Entre toutes ces gauloiseries bien légères, il nous parle très sérieusement de la conduite de la vigne, de l’entretien du sol, de la fertilisation, de sa protection face aux maladies et attaques en tout genre et le pas à franchir vers une culture agro écologique qui comprend les volets éthique, agronomique, économique, écologique, et sociologique.
Le respect est le mot clé de cette formation : respect de la vie du sol, respect de la terre sur laquelle est plantée la vigne, respect de la vigne elle-même, respect des règles de méthodes biologiques, respect de l’environnement et respect du consommateur en régulant la production pour optimaliser la qualité des vins.
Puis Jean-Marie nous emmène dans le vignoble entre les rangs et sous les rangs pour voir en vraie grandeur certaines dimensions vues au cours et l’espace qu’il nous reste encore pour améliorer notre compréhension et la bonne pratique de la mise en œuvre.
Il nous parle de taille à éborgner les lièvres, de parcelles qui pêtent dans la soie, de notre herbe assez haute pour gercer le pis des vaches, de nos bons chardons, cette plante qui tient si bien aux mains, de nos grappes aérées aux raisins au bronzage intégral où l’on ne voit pas la marque du maillot.
Dans notre Belgistan frondeur, il a passé une bonne nuit chez Monique et Michel à Louvain-la-Neuve et a dormi comme du papier carbone, en double exemplaire.
On a parlé de recherches inter cultures, de plantes amies, de culture permanente, de bouse de corne et de bio dynamite.
Bref, une fois de plus, les 50 amis présents ont eu bien raison. Nous avons explosé tout au long de ces deux jours en une grande jouissance partagée sans modération et avons osé promettre des serments entourés de sarments bios. Notre tout frais Chef de Culture est enthousiaste.
Vivement le dégel….et comme dirait Hugoling…dans Manong des Sources : « Et maintenang ça peut commencer ! »
Une occasion de plus de joindre la connaissance, l’humour, l’amitié et la bonne chère.
«Iriez-vous parler, je vous le demande, de ce que vous ne connaissez pas » Quintilien, Rhéteur latin du 1er s.