L'été s'apprête à tirer sa révérence, et voici venir le temps des récoltes. Au clos de Villers-la-Vigne, ce samedi 17 septembre fut le jour choisi pour les vendanges du Phoenix. Dans quelques jours viendra le tour du Regent.
Voyons un peu le contexte. Cette année 2016, on le sait, ne laissera pas un grand souvenir. Le vignoble belge a été quelque peu malmené par les caprices du ciel, et les perspectives ne sont pas fameuses. Certains domaines ont été particulièrement sinistrés. Notre clos n'est pas sorti indemne, et la récolte sera peu abondante. Mais tout de même : bien que peu nombreuses, les grappes sont toutes belles. Tenez, regardez :
Dès 09h30, une équipe de lève-tôt était à pied d’œuvre. On prépare les sécateurs, les seaux, les caissettes. Les tables de tri sont installées et nettoyées, les voilà fin prêtes.
Préposé au pesage, André prépare de mystérieux documents et ajuste la balance qui recevra les seaux dont il a déjà vérifié le poids à vide, afin de déterminer la tare à déduire des valeurs constatées. Les plus observateurs d'entre nous ont déjà repéré le flacon trônant à proximité par un heureux hasard.
Rassemblement ! Jean-Jacques harangue la foule des cueilleurs, puis Olivier, fin prêt lui aussi.
C'est parti ! Chaque sécateur trempé dans un doigt d'eau bénite, et nous voilà gravissant les marches, à nous si familières.
Les quatre rangées seront bien vite délestées de leur précieux fardeau. Concentré sur le cadran de la balance, André en relève et inscrit les allégations sur le papier, l'air minutieux et grave des tabellions d'antan.
Plus loin, on n'attend pas : le tri a déjà commencé. Chaque grappe est soupesée, scrutée, débarrassée des grumes abîmées ou desséchées, mais aussi des locataires indésirables, petits escargots, coccinelles ou minuscules araignées rouges. Le domaine Pétrus ne s'y est pas trompé, qui procède de même. On vous l'avait bien dit : le vin de Villers-la-Vigne, ça n'a pas de prix.
La table de tri est un endroit fort prisé, à l'instar des meilleurs salons de thé. On y devise, rebâtit le monde, philosophe, jacasse, soliloque. On s'y étonne de l'absence d'untel, s'enquiert de l'état de santé d'une connaissance, se renseigne sur une technique de tri, s'inquiète de la maturité ou la teneur en alcool de l'abbé la baie, rigole de la dernière blague de Zoltan.
Voici la récolte, septante-cinq kilos de raisin finement trié. Certes, la quantité laisse quelque peu à désirer, mais assurément la qualité sera là. Voyez vous-mêmes.
L'apéro arrive. Ça arrive toujours à point nommé, un apéro. Mangeailles et petits réconforts gustatifs sortent des besaces. Tout à l'heure, les caissettes de raisin seront soulevées par des bras robustes et iront vers le chai. Là, elles entameront le processus de vinification par la macération pelliculaire à froid.