Alors que les médiateurs, remédiateurs, informateurs, désinformateurs, déformateurs, réformateurs, démineurs, re et dé fédérateurs essayent de nous concocter la Belgique de demain où une chose est sûre :
« Le jour est proche où nous n’aurons plus que l’impôt sur les os » Michel Audiard
Il a fait tout de même bien beau ce samedi pour les vendanges du Phoenix 2010. Bien sûr, nous avons attendu 10h avant de commencer que le soleil illumine par delà les hauts arbres de la propriété voisine les premières terrasses du haut du clos.
Une bonne vingtaine de vignerons, mais surtout des vigneronnes, peut-être à cause du dicton du jour ci-dessous, avaient répondu présents à l’appel du fruit hurlant dans la rosée du matin encore trop frais aux oreilles de qui voulait bien l’écouter :
« En Septembre se coupe ce qui pend »
La date des vendanges – fixée au 18 – n’a été choisie que pour sauver notre Phoenix bien abîmé par le Botrytis Cinerea, agent de la pourriture grise.
C’est un champignon polyphage et saprophyte, c'est-à-dire qu'il se développe sur de nombreuses plantes et vit sur des tissus morts. C'est une maladie dont le développement sur le raisin peut être explosif si les conditions météorologiques lui sont favorables ou si les baies sont réceptives. Les dégâts sont quantitatifs (pertes de récolte) et surtout qualitatifs (altération des arômes et de la couleur) et ils nécessitent un tri à la vendange. Ce champignon peut attaquer tous les organes de la vigne mais surtout les grappes à l'approche de la maturité. Le symptôme le plus remarquable de la pourriture grise est le feutrage gris à la surface des organes atteints.
Seul un tri sévère permet de sauver la récolte !
Après une brève introduction théorique et un rappel des consignes sanitaires d’usage lors des vendanges, le Maître de chai annonce que le futur Phoenix 2010 constituera une bonne école pour une cuvée que l’on qualifiera – en jargon vinicole – de cuvée technique puisqu’il faudra amener le jus de raisin dans des plages vinifiables (comme en 2008…) puis essayer d’extraire le meilleur du raisin avec une tonne de défis qui attendent l’équipe au chai.… un excellent moment donc pour demander à Olivier de conduire la vinification du blanc cette année aidé de toute l’équipe habituelle.
Ce dernier ne semble pas surpris et démarre sous les chapeaux de roue en prenant directement du Maître de Chai le témoin passé de main en main au cours de la matinée puis carrément le volant de l’après-midi, comme s’il avait toujours fait ça ! Que du bonheur !
Midi sonne et les raisins ramenés des Coteaux de Villers associé à celui du Clos sont totalement triés sur table et donnent aux vignerons passionnés que nous sommes une impression de travail bien fait, un peu comme si nous n’avions jamais eu de Botrytis en 2010 sur notre Phoenix !
40 kg du Clos de Villers-la-Vigne intimement lié au 160 kg des Coteaux de Villers, joli mariage d’amour que celui-là où Phoenix ira rejoindre dans nos gosiers avides…Sirius, Bianca et tutti quanti. Bref 200 kg de bonheur et qui sait peut-être près de 150 bouteilles d’un blanc bien rafraîchissant au printemps prochain.
Avant de partir pour le chai égrapper et fouler, le traditionnel pique-nique de midi est l’occasion de renforcer l’amitié autour du Regent 2009 et des trésors ramenés par l’un ou l’autre. Nous refaisons le monde, comme de bien entendu…
Elle était jeune et belle, Comm' de bien entendu ! Il eut l'béguin pour elle Comm' de bien entendu ! Elle était demoiselle, Comm' de bien entendu ! Il se débrouilla pour qu'elle ne le soit plus ! Comm' de bien entendu!
Par Patrick Bruel
L’après-midi se décline aux teintes vertes et reflets jaunes des baies colorées dans l’égrappoir-fouloir, véritable centre de tous nos soins pour retirer la moindre rafle oubliée des deux vis égrappeuses sans pitié. Les fouleuses sont au travail pendant que les égrappeurs portent les seaux plein de pulpes et jus dans les deux cuves de 100 litres mises au froid pour un pigeage à quatre degrés.
Le futur vignoble de Genval vient peut-être apprendre les techniques de vinification mais surtout aussi nous aider !
Quelques tours de manivelles en plus et quelques flacons en moins, voici le pigeage à froid qui va commencer. L’occasion de transmettre le savoir entre vigneronnes et vignerons, déjà de penser à samedi prochain, jour de la vendange du Regent et de préparer le chai et le vignoble à cet effet…encore du travail en perspective…mais quel travail les amis !
L’armoire thermostatique de 1000 litres est prête à recevoir le tout nouveau plateau anti-écrasement du raisin apporté le jour-même, et la commande automatisée d’injection du gaz carbonique…fonctionne…
Mais où nous arrêterons-nous donc… ! The sky is the limit! …comme dirait Christophe…
Mais laissons le mot de la fin à Nadine :
« C’est dans les plus petites grappes que l’on trouve les plus beaux fruits en leurs seins »